Atelier Odyssée : explorer le « Bien vieillir »

Dans le cadre du déploiement de Resicity en Haute-Savoie, nous avons animé chez InnoVales l’atelier Odyssée pour des facilitateurs du réseau Anima2Savoie et d’autres porteurs de projets de l’ESS incubés. La thématique qui leur a été proposée d’explorer : Bien vieillir.

PARTICIPANTS :

  • Laure Beyler, Audrey Moriaud, Lori Charon (réseau anima2savoie), 
  • Hélène Marquis (InnoVales), Matthieu Baillet, Julien Reboulet (Porteurs de projets ESS), 
  • Léonard Gay (Chargé de mission Transitions à la ville d’Annecy)

DUREE : 4h (9h – 13h)

« Ça m’a vraiment ouvert les chakras sur le sujet, c’est hyper enrichissant ! »

Lori Charon, Grains de Sel Cie

« J’ai beaucoup aimé ta matrice pour inspirer des solutions existantes »

Laure Beyler, Animacoop

Introduction de l’atelier

Nous clarifions les souhaits de chacun pour l’atelier : 

Pour Resicity

  • Recueillir les retours des participants sur le fond et la forme de l’atelier dans le but de l’améliorer.
  • Via le réseau des participants, trouver des contextes / cibles pour son déploiement

Pour les participants

  • Découvrir l’atelier
  • Passer un bon moment
  • Ouvrir les chakras sur Vieillir
  • Voir quel contexte / public pour un déploiement
  • Vérifier les cibles, la posture et l’accessibilité
  • Voir comment en faire un commun

1ere partie, exploration du thème « Bien Vieillir« 

C’est quoi pour vous bien vieillir ?

Voici l’idéal qui a émergé, et pourquoi c’est bien ou pas :

  • “Être entouré” (pour ne pas se sentir seul, pour avoir du soutien)
  • “Avoir toujours sa place dans la société” (pour être citoyen, se sentir utile et garder un sens à sa vie, transmettre savoirs-faire et savoirs-être, avoir des services et activités pour les séniors
  • “Être en bonne santé physique, morale (dépression), et mentale (maladies neuro-dégénératives), pour continuer à se sentir bien et heureux. Mais aussi ça peut arranger de ne pas trop entendre.
  • “Ne pas être dépendant(e), notamment financièrement, pour rester libre, garder le contrôle, pour être en sécurité financière, relationnelle et physique. Mais en même temps les personnes âgées peuvent mettre en danger la sécurité des autres, notamment sur la route.
  • “Avoir une qualité de vie de toute sa vie” notamment un équilibre travail / bien-être pour que le passage à la retraite se fasse bien
  • “L’égalité face au bien vieillir (droit à vivre mieux)”
  • “Acceptation sociale, rester visible et attractif”

“Ce qui se passe en vrai” (positif et négatif) :

  • les personnes âgées sortent de moins en moins, mais en même temps les retraités sont le socle du tissu associatif
  • Il y a les grands-parents qui gardent les petits enfants, quand d’autres partent 10 ans en camping-car. 
  • Il peut y avoir un phénomène d’isolement mental, nostalgie du passé. Risque de se renfermer vs solidarité.
  • La longévité au japon grâce au travail
  • Il existe des cours de gym à destination des séniors
  • Beaucoup de couples divorcent à la retraite
  • Quand la tête ne va plus, le corps ne va plus (ex : ma grand-mère), fragilité physique (ex : fracture du femur) 
  • Avoir besoin d’un RDV avec la tutrice pour s’acheter un pantalon, dépendre des horaires de passage des aidants (soins, repas, toilette…), dépendance aux EHPAD et des tutelles

On se demande : Qu’est-ce que bien vieillir dans les banlieues ?

Des problématiques émergent déjà naturellement de la discussion. Nous les notons : 

  • Comment vieillir dans un environnement bienveillant quand on est plus indépendants ?
  • Comment accepter de s’adapter selon ses possibilités ?
  • Comment en faire un projet enthousiasmant, se projeter ?
  • Comment continuer à se challenger, mais en faisant les compromis liés à l’âge ?

Acculturation

Lien vers la fiche 

Les éléments d’acculturation permettent d’approfondir la discussion. La fracture numérique fait débat. Les participants ont des exemples où les grands parents, même très déconnectés, restent proches de leurs petits enfants très connectés. Ou des exemples de grands parents qui trouvent le moyen de se mettre à niveau s’ils sont très motivés (voir ses petits enfants sur zoom pendant le confinement).

Les chiffres financiers : coût de l’adaptation du logement, coût d’un Ehpad… interpellent. Ils ont sans doute orienté le choix du problème à résoudre.

Choix et approfondissement d’un problème (causes, conséquences, acteurs…)

Voici les deux problèmes choisis pour être approfondies :

  • Manque de moyens financiers pour bien vieillir
  • Difficulté à se projeter dans la fin / dernière partie de vie

Deux équipes se constituent en fonction de l’affinité au problème à résoudre.

Analyse du problème : Manque de moyens financiers pour bien vieillir

Causes :
Privatisation (EPHAD…), Inégalités dans le monde du travail, salaires > certain.e.s ont de petits revenus. Vieillissement coûte cher > dépendance, accompagnement, soins
Système des retraites inadapté à l’évolution de la population (augmentation des séniors, des malades)
Temps partiel, chômage, arrêt parental > rupture de parcours
Manque de personnels d’accompagnement, soin, aidant.e.s

Conséquences :
Augmentation de la précarité des séniors, dégradation santé, plus de dépendance, augmentation des coûts, augmentation du mal vieillir, augmentation de la fracture sociale, générationnelle, contestation, isolement, mortalité

Acteurs concernés :
Etat > système de retraite, soins, impôts – associations – mutuelles – EPHAD (coûts, nombre de places) – Employeurs > salaires – Famille

Les trois problématiques choisies (problème concret à résoudre) : 

  • Comment faire pour trouver de nouvelles solutions pour baisser les coûts d’habitat / accompagnement > alternatives “citoyennes« 
  • Comment faire pour que chacun.e puisse vieillir décemment
  • Comment faire pour que chacun.e ait les moyens / accès à une bonne alimentation

Analyse du problème : Difficulté à se projeter dans la fin / dernière partie de vie :

Causes :
Tabou de la fin de vie, image pas sexy, représentation sociale, manque de préparation / anticipation / difficulté à s’identifier “pas concerné”. Routine pré-retraite / connaissance, conscience des enjeux

Conséquences :
Subir les changements “statistiquement prévisibles”, difficulté à mobiliser les ressources (temps/argent)

Acteurs concernés :
Employeurs, caisses de retraites, CAF/sécu/URSSAF collectivité / politiques publiques, associations thématiques / mutuelle

Les deux problématiques choisies (problème concret à résoudre) : 

  • Comment faire pour accompagner au mieux (vision “exhaustive”) en amont de la retraite, la préparation de la dernière partie de vie ?
  • Comment changer la représentation dans la société de la dernière partie de vie ?

Phase d’inspiration

De nombreuses inspirations émergent dans les deux groupes. Ce moment est bien vécu par les participant car il permet un pas de côté. Cependant nous notons que les inspirations ne sont pas exploitées à la phase suivante.

Phase d’idéation et de formalisation

Le groupe “difficulté à se projeter” décide de se concentrer sur la post-retraite, et de ne pas traiter du 4ème âge.

Projet 1 : La Crémaillère – assurer un logement décent aux séniors (équipe “Manque de moyens financiers”)

Pitch : On observe une difficulté pour les séniors à assurer les coûts de leur logement : soit ils les habitent et ils sont trop grands pour eux ou inadaptés à la vieillesse, soient ils sont à l’EPHAD (qui leur coûte cher) et leur logement est resté vacant.

Notre initiative consiste à créer une association en Haute-Savoie de médiation et accompagnement auprès des séniors, propriétaires et tuteurs pour mutualiser les coûts des habitations : 

  • organiser des collocations (avec le sénior si il est toujours chez lui, pour des locataires si non), 
  • des chantiers participatifs pour adapter les logements (rénovation énergétique, adaptation au 4e âge ou à la colocation)
  • accompagner familles et tuteur dans les difficultés liées aux successions

Projet 2 : Demain, la retraite ! (équipe “Difficulté à se projeter”)

Pitch : Le passage à la dernière partie de vie, post-retraite, n’est pas toujours préparé / valorisé. Il y a un risque de déclin, d’isolement.

Notre initiative consiste à proposer : 

  • Un accompagnement en amont des personnes en pré-retraite pour préparer cette nouvelle phase de vie
  • Célébrer le passage à la retraite
  • Soutenir et inspirer dans l’adaptation

Conclusion de l’atelier

Nous debriefons en déjeunant, les participants disent avoir passé un bon moment. Ils ont le sentiment d’être allé au bout de la réflexion sur le thème abordé. Les aller-retours entre l’idéal et les exemples concrets ont été appréciés. Ainsi que la variété des exercices.

Le rôle du « Donut » qui sert de sommaire est interrogé, il est pertinent car il donne un repère visuel sur les étapes, mais il est trop détaillé en l’état.

Des ajustements pertinents sont proposés : instaurer des temps de réflexion individuels à la première étape, amener les éléments d’acculturation par petits bouts.

La finalité de l’atelier est questionnée : comment amener les participants à l’action effective ? avec quel accompagnement ?
Est-ce qu’une intention est posée dès le départ ? Cela peut rebuter les participants si ils ont l’impression d’avoir une obligation de résultat.

Ces retours constructifs seront utilisés dès le lendemain pour l’atelier dans le quartier du Parmelan à Annecy.