Atelier Odyssée : « Bien Vivre Ensemble » au Parmelan

Pour cet atelier Odyssée sur le thème : « Bien Vivre Ensemble » animée à Annecy en partenariat avec le bailleur social : Haute-Savoie Habitat, nous avons réuni des habitants du quartier Parmelan, dont une personne du centre social, un éducateur de l’association Passage et la présidente de l’Accorderie.

DURÉE : 4h (9h – 13h)

« Le processus était fluide, adapté aux habitants. Les deux projets étaient très intéressants. On a eu le sentiment que tout le monde a pu prendre la parole. »

Guylaine Novarese, Responsable de site chez Haute-Savoie Habitat

«  En tout cas j’étais très contente de participer, je me suis sentie très bien. Je me suis sentie appartenir à une communauté. Merci de créer cet espace »

Olga, habitante du quartier Parmelan

Introduction de l’atelier

Nous clarifions les souhaits de chacun pour l’atelier : 

Pour Resicity

  • Avec cet atelier « pilote », nous souhaitons vérifier que ce format d’Odyssée est accessible et pertinent pour un public de citoyens de quartier populaire (âge et cultures différentes), mélangés avec des représentants d’associations et des représentants du bailleur social (responsable de site et déléguée territoriale). L’objectif étant de créer de la cohésion et d’imaginer des actions à mettre en œuvre ensemble.

Pour les participants

  • Proposer une idée qui fasse bouger le quartier, qui permette aux gens de se rencontrer
  • Faire sortir les gens de chez eux
  • Rompre l’isolement
  • Rencontrer des gens durant l’atelier
  • Imaginer des projets qui rassemblent toutes les générations
  • Faire émerger des projets qui viennent des jeunes
  • Que l’Accorderie touche plus d’habitants et favorise plus les initiatives des habitants
  • Proposer une idée autour du soutien scolaire, faire venir des jeunes de l’extérieur du quartier
  • Développer le prendre soin dans le / du quartier

Nous clarifions les marges de manœuvre du groupe : 

Cette question permet de parler des projets qui sont déjà menés dans le quartier par le bailleur ou les associations. Les freins sont également évoqués. Comment donner l’information aux gens ? Comment leur donner envie de participer ? Comment les engager sur la durée ?

Nous clarifions le fait que nous choisirons d’essayer de résoudre des problèmes sur lesquels les citoyens ont prise. Et que les solutions envisagées devront pouvoir être mises en œuvre par les habitants/acteurs locaux

Il est également précisé que les participants n’ont pas d’obligation à s’engager dans les projets qu’ils vont faire émerger

1ere partie, exploration du thème : C’est quoi pour vous Bien Vivre Ensemble ?

Voici l’idéal qui a émergé : 

“Respecter l’autre et l’accepter dans ses différences”, “Intégrer l’autre”, “Faire confiance aux autres”, “Se sentir en sécurité”, “Connaître ses voisins”, “Se rencontrer”, “S’ouvrir aux autres”, “S’aimer”, “Avoir de la compassion”, “Bienveillance”, “Etre à l’écoute”, “Ne pas être isolé
“Faire la fête”, “Coopérer : s’aider les uns les autres”, “Entraide intergénérationnelle”, “Collaborer : faire des projets et les mettre en place ensemble”, “Respecter les bâtiment extérieurs”, “information pour la propreté du quartier”, “Accepter les règles”

“Ce qui se passe en vrai” (positif et négatif) : 

Positif : 

  • Une journée des encombrants + repas, suivie d’une action “balcons fleuris”
  • Quand on connaissait la personne qui faisait le ménage, il y avait moins de détritus
  • Un repas d’immeuble organisé par le bailleur qui a permis aux voisins de se rencontrer
  • Valeur commune : tout le monde souhaite que ses enfants grandissent dans un cadre propre et sûr
  • Autrefois, les mamans surveillaient tous les jeunes
  • Quand le bailleur a fait installer des jardinières pour un projet, certains habitants se les sont appropriées spontanément.

Négatif : 

  • C’est difficile de changer les comportements (à cause des différences culturelles) : exemple d’habitant qui jette les couches sales par la fenêtre
  • Il n’y a pas d’accueil des nouveaux
  • C’est difficile d’intégrer les nouveaux (cultures différentes ?)
  • Les comportements sont plus individualistes
  • L’encombrant attire l’encombrant
  • Insécurité 
  • Vols de biens : vélos, poussettes…
  • On voit la police menotter et emmener des jeunes

Remarque : des idées d’actions émergent au fil de la discussion (il faudrait mettre des flyers dans les boîtes aux lettres, il faudrait mettre des caméras de surveillance…). Elles sont notées dans un coin du tableau.

Phase d’acculturation

Cette étape permet d’ouvrir de nouvelles discussions.

Notamment sur l’éducation, les éléments sur les inégalités sociales sont commentées : quand les parents s’impliquent dans la scolarité des jeunes, ça se passe mieux à l’école. Mais ce sont toujours les mamans qui viennent aux réunions. 

Le petit dessin sur le déterminisme social est contredit (les critères de réussite sont relatifs) : “mon frère était très mauvais à l’école, mais il a quand même fini boucher”. 

La définition sur le vivre-ensemble, la citation de Jean-Yves Cousteau, et d’Emile Servan-Schreber sur l’intelligence collective, ainsi que l’étude sur l’apport de la mixité sociale dans les collège font émerger l’atout de la diversité et l’importance de partager des valeurs communes. Nous ajoutons 3 post-its dans Notre Idéal : “Richesse de la diversité”, “Sentiment d’appartenance à une communauté”, “Faciliter l’émergence de valeurs communes”.

Choix et approfondissement d’un problème (causes, conséquences, acteurs, problématiques)

Nous procédons à un vote (deux cœurs / participant) pour déterminer parmi les problèmes observés (post-its bleus) lesquels souhaitent être approfondis en équipe.

Voici les deux thématiques choisies :

  • Le problème de l’individualisme, qui se traduit par l’absence d’accueil des nouveaux et à l’absence de respect des espaces extérieurs (encombrants sauvages)
  • Le problème de l’insécurité, lié au vols de biens et la présence des bandes de jeunes, du deal, de la police…

Deux équipes se constituent en fonction de l’affinité au problème à résoudre.

Analyse du problème « Individualisme » : 

Causes : évolution de la société, plus de prises de contact, différences de cultures, différences de perception, plus de points communs (entreprise, mouvement ouvrier)

Conséquences : beaucoup de personnes isolées, moins de respect des parties communes, aucune appropriation de lieu, aucun lien entre les habitants et lieux extérieurs, insécurité, peur d’aller vers l’autre

Acteurs concernés : Les habitants, associations : accorderie, l’Autre Parmelan, association Parmelan Albigny, Haute-Savoie Habitat.

Les deux problématiques choisies (problème concret à résoudre) : 

  • Comment faire pour faire descendre les gens (de chez eux)
  • Comment faire pour intégrer les nouveaux

Analyse du problème « Insécurité » : 

Causes des comportements déviants : précarité économique, mauvaise connaissance des autres, santé mentale, consommation/addiction, rassemblement qui déresponsabilise (effet de meute), sentiment d’injustice, besoin de reconnaissance

Cause du sentiment d’insécurité : incivilités, dégradations

Conséquences sur les habitants : Méfiance, peur, représailles, souhait de répondre par de la violence, ne pas se sentir bien chez soi, des locataires qui souhaitent changer de quartier, isolement, repli communautaire, 

Conséquence sur les agitateurs : non-respect de l’autorité

Acteurs concernés : Préfecture, Etat, parents, acteurs sociaux, associations, bailleurs, habitants, familles

Les deux problématiques choisies (problème concret à résoudre) : 

  • Comment faire pour augmenter le sentiment de sécurité des habitants 
  • Comment faire pour être attentif (positive) aux agitateurs

Phase d’inspiration

Cette étape a été compliquée pour les deux équipes. Il est nécessaire de donner des exemples pour stimuler les idées. Par ailleurs, elle nécessite un certain bagage culturel. Il est plus simple d’aller chercher des exemples dans ce qu’on a vécu. Pour l’équipe “Individualisme”, cette étape a été transformée en phase d’idéation. Comme nous avions accumulé du retard, elle a été écourtée.

Phase d’idéation et de formalisation

Chaque participant devait proposer une idée au centre d’une feuille, puis la feuille était passée au voisin pour enrichir l’idée. Le tour terminé, un vote avec des cœurs a permis de faire émerger les ingrédients de projet les plus séduisants. Les équipes passent ensuite à la phase de formalisation sur le canva, choix d’un nom sympa pour le projet, et illustration. 

Projet 1 : Bienvenue chez vous (équipe “Individualisme”)

Pitch : Pour faire descendre les habitants et faire en sorte qu’ils s’impliquent, des référents font un porte à porte auprès des nouveaux habitants et les invitent à une réunion avec tous les partenaires (Assos, bailleur…). Cette réunion se termine par un buffet canadien de plats typiques. Le projet qui pourrait émerger de cette réunion est une sortie au lac avec repas partagé. Tout le monde serait associé à l’organisation, au rangement.

Ce projet nécessiterait la création d’un lieu ressource, où se rencontrer et construire.

Pour inviter les anciens locataires, on communiquerai par flyer.

Pour ce projet, l’accorderie joue un rôle majeur d’“incubateur” de projet citoyen.

Lors de la présentation, nous demandons à Olga, qui est nouvelle dans le quartier, si l’approche proposée pour l’intégrer à un groupe de travail lui aurait convenue (porte à porte). Hors pas du tout, elle l’aurait trouvée trop intrusive (qui sonne à ma porte !?). Cette réaction à chaud permet d’envisager une autre approche (ex : passer par un courrier “officiel” de Haute-Savoie Habitat).

Projet 2 : Ma vie au Parmelan (équipe “Insécurité”)

Pitch : Pour résoudre les problèmes d’insécurité, on propose aux jeunes de prendre contact avec les habitants et agents de nettoyage pour recueillir leur témoignage, les filmer, tout en créant du lien entre les personnes. Ils seraient accompagnés dans le projet par des jeunes d’écoles supérieures. Les témoignages sont diffusés sur le média participatif Rayonne puis joués par une troupe de théâtre devant tout le monde. S’ensuit un repas partagé avec tous les acteurs du projet. 

Pour ce projet, la mobilisation des jeunes au départ et leur engagement dans la durée semblent être les principales difficultés. L’intervention de Makan Fofana en septembre peut servir de point de départ pour identifier les jeunes les plus moteurs. Également, le projet devra s’inscrire dans le parcours scolaire pour que le manque de disponibilité ne soit pas un frein.

Retours post atelier

Les retours sont très positifs, on a apprécié la qualité d’écoute, la bonne humeur générale.

Les habitants étaient contents, ils sont restés motivés jusqu’au bout. Les présentations des projets étaient enthousiastes.
Il était judicieux d’associer des intervenants de Haute-Savoie Habitat qui gèrent d’autres quartiers que le Parmelan. Cela a désamorcé les sujets liés aux diverses réparations, qui sont souvent des problématiques individuelles.

Des interviews plus approfondis des habitants et un bilan de l’action avec Haute-Savoie Habitat permettront d’envisager une nouvelle Odyssée pour un plus grand nombre de participants.